bd / 24.

Aux côtés de Véro, je dormis d’un sommeil profond, sans rêves, réparateur, et lorsque j’ouvris les yeux, je me sentis bien. Reposée. Et différente… Quelque chose avait changé en moi. Je sentais… mon corps… Il me semblait que ma peau était plus réactive que d’habitude, plus sensible. Les draps caressaient mon épiderme et chaque cellule semblait se délecter de leur douceur. Chacune de mes formes se lovaient dans la tiédeur du matelas. L’air qui emplissait mes poumons insufflait une vie nouvelle à mon être. Mes jambes me semblaient légères et graciles. Mes doigts goûtaient avec délicatesse chaque fibre de l’étoffe qu’ils parcouraient. Toutes mes sensations semblaient être exacerbées. Et croyez-le ou non, je me sentais belle, désirable, sensuelle. Couchée dans la pénombre, le corps zébré par la lumière qui filtrait à peine des stores de Véro, j’assumais pour la première fois de ma vie mes rondeurs et mes formes plantureuses. Mon corps venait de s’éveiller à la vie.

Cette sensation nouvelle était enivrante, incroyable ! Et pour une fois, mon corps et mon esprit semblaient ne faire plus qu’un : chaque sensation ressentie était prise en compte. Il ne s’agissait plus d’étouffer ce que je pouvais éprouver mais bien au contraire de laisser la volupté de ces sensations nouvelles m’envahir entièrement.

Véro ouvrit doucement la porte de la chambre, amenant avec elle les effluves d’un café matinal arrivant bien à propos.

- Tu es réveillée ?, demanda-t-elle en chuchotant.

- Oui, répondis-je en me tournant dans sa direction.

Elle se tenait vers la porte, deux tasses de café fumant dans les mains. Pour la première fois depuis que je la connaissais, j’eus l’impression qu’elle était gênée. Elle semblait ne pas savoir comment elle devait réagir. Certainement craignait-elle ma réaction. Une fois n’était pas coutume, ce fut à moi de venir à son aide !

- Mhmmm, café au lit… Rien de tel pour bien commencer la journée, dis-je, cherchant ainsi à l’encourager à se rapprocher de moi. Tu as des projets pour ce matin ?, poursuivis-je.

- Non, pas grand-chose du moins. Et toi ?

- Non. Aucun… Alors peut-être que tu pourrais revenir te coucher.

Elle me tendit une tasse et vint s’asseoir à côté de moi, appuyée contre la tête de lit. Nous demeurâmes un instant silencieuses. Buvant à petit gorgée nos cafés. Je sentais le liquide couler dans ma bouche, puis le long de mon œsophage. Je le sentais me réchauffer de l’intérieur, provoquant une vague sensuelle que je n’avais pas l’intention d’ignorer. Mais je ne souhaitais pas me hâter pour autant. J’allais me délecter de cette sensation nouvelle pour moi, j’allais laisser mon corps se gorger de désirs, j’allais laisser mon esprit fantasmer sur ce qui allait se passer par la suite.

- Tu as bien dormi ?, finit-elle par me demander.

- Oui, comme un loir. Et toi ?

- Pareil.

- Tu as l’air gênée, Véro. Qu’est-ce qu’il y a ?

- Rien. Et je ne suis pas gênée.

- Tant mieux car moi non plus.

- Tu aurais voulu qu’on parle de ce qui s’est passé hier ?

- Non. Absolument pas. Je n’ai absolument aucune envie de parler ce matin, dis-je en posant ma tasse sur la table de chevet.

Elle ne comprit assurément pas tout de suite mes intentions. Lorsque je me tournai vers elle et que je posai ma main sur son bras, la remontant ensuite jusqu’à son épaule en passant sous la manche de son t-shirt, elle sursauta. Sa peau me parut encore plus douce que la veille. Satinée. Je m’approchai d’elle, collant mes jambes nues contre les siennes, et lui déposai un baiser chaste dans le cou.

Ce matin-là, nous couchâmes pour la deuxième fois ensemble. Et comme la veille, je fus étonnée de la diversité des émotions que je ressentis. Ce fut comme un poème : doux et soyeux, calme et voluptueux. Aucun mouvement n’était précipité, aucune caresse n’était avortée. Nos deux corps même semblaient ne plus faire qu’un, se lovant l’un contre l’autre, épousant la forme de l’autre. Nos jambes se mêlaient, nos ventres ne se décollaient plus, nos poitrines se frottaient lascivement. Les longs baisers que nous échangeâmes étaient un parfait mélange entre explosivité et tendre volupté. Et cette fois-ci, il ne s’agit pas de se faire plaisir à tour de rôle. Nous nous caressions simultanément, notre propre plaisir décuplé par celui ressenti par l’autre au même moment. Nous étions en parfaite symbiose…