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Oui, oui, je sais cher lecteur, vous souhaitez en savoir plus. Votre curiosité est d’ailleurs légitime. Pourquoi faire preuve de tant de pudeur alors que je vous ai exposé sans filtres ni tabous mes ébats avec Véro ? Qu’ai-je ainsi à cacher ? Et bien rien… Rien du tout… Mais il est vrai que je demeure hésitante à dévoiler l’intimité de mon mari, alors qu’il est assis en face de moi. Je le regarde lire son journal et son innocence me touche : il n’a aucune idée de ce qui se trame. A n’en pas douter, s’il savait que je suis sur le point de partager avec vous certains détails de notre vie privée, je le verrais gigoter sur sa chaise, mal à l’aise, cherchant malgré tout à rester digne et viril ! Et pourtant, Alfie demeure devant moi, les yeux rivés sur la page des sports. Je l’entends par moment commenter certains résultats, marmonnant d’inaudibles reproches ou encensant son joueur favori. Mais bref. Passons au sujet qui vous intéresse ici, à savoir nos fameuses relations intimes, celles qui nous firent officiellement basculer dans la catégorie des couples !

Mais je me dois de vous prévenir, vous risquez fort d’être déçus… Si mes expériences sexuelles avec Véro me propulsaient immanquablement dans un firmament exalté aux relents fantasmagoriques assumés, si j’avais la certitude que je vivrais un moment hors norme, proche de l’expérience métaphysique, mes ébats avec Alfie étaient quant à eux… reposants. Oui, c’est le bon terme : reposants ! N’y voyez rien de péjoratif pour autant, car vous n’avez pas idée à quel point j’appréciais la simplicité et le naturel de ces instants d’intimité partagée. Il ne s’agissait plus d’apprentissage ou de découvertes, il ne s’agissait plus de repousser les limites de ma pudeur. Non… Faire l’amour avec Alfie, c’était accepter de demeurer dans un périmètre connu et conventionnel qui m’assurait un sentiment de sécurité et d’apaisement. Exit les orages, les volcans en éruption et autre coup de grisou ! Je me délectais de la tendresse de ses caresses, de la beauté de nos échanges et de la banalité de nos étreintes. Quel plaisir je prenais à savoir que je ne serais à aucun moment mise à l’épreuve, poussée dans mes retranchements.

Ne pensez pas cependant que je renie l’enseignement de Véro… Ou que je le regrette. Bien au contraire. Elle avait été l’instigatrice de mon plaisir. Celle qui avait su éveiller en moi la flamme du désir charnel. Grâce à elle, j’assumais ma féminité, mes envies et, je dois l’avouer, certaines de mes perversions. De ses doigts enchanteurs, elle avait su sculpter une Lila libérée, affranchie de ses obsessions et de la peur du regard d’autrui. Et je sais qu’Alfie appréciait ma décomplexion. Je revois encore son air doucement amusé alors que nous découvrions le corps de l’autre pour la première fois… sous la douche de notre hôtel de Sainte-Anne ! Exaltés, nous nous dévorâmes littéralement, heureux de nous affranchir enfin de cette ultime barrière qui existait encore entre nous.